Les étudiants en pharmacie plus exposés aux violences sexistes et sexuelles ?

L’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf) a publié la semaine dernière, pour la première fois, les résultats d’une enquête sur les violences sexistes et sexuelles dont sont parfois victimes les étudiants en pharmacie.

Les chiffres sont malheureusement parlants. Selon les réponses recueillies par l’Anepf auprès de 2 103 étudiants en pharmacie (dont 76% de femmes) :

49% disent avoir fait l’objet de « remarques sexistes » au sein de leur milieu universitaire

Dans 89% des cas, l’auteur est un autre étudiant (31% par des membres du personnel pédagogique de leur faculté de pharmacie)

41,7% des étudiants en pharmacie ont déjà subi des « « propos à connotation sexuelle répétés » au cours de leurs études

32,6% des étudiants affirment avoir déjà été confrontés à des remarques sexistes au sein de l’officine

23,4% ont été victimes au moins une fois d’une agression sexuelle au cours de leur cursus

3,7% confient avoir subi un viol dans le cadre de leur vie universitaire

25% de ces faits (qu’il s’agisse d’agressions sexuelles ou de viols) ont fait l’objet d’un signalement (majoritairement auprès de proches)

>>> L’étude complète de l’Anepf à consulter ici

Des études de pharmacie plus exposées

aux violences ?

L’Anepf souligne dans son rapport que, « à l’instar d’autres études, et notamment de santé, celles de pharmacie n’échappent pas aux « traditions ». Elles peuvent s’apparenter aux nombreuses chansons paillardes existantes mais concernent également certains défis d’intégration pratiqués lors de l’arrivée de l’étudiant en 2ème année d’étude ».

Des « traditions », rappellent les auteurs de l’étude, qui apparaissent « plutôt appréciées au vu des témoignages » relayées par les étudiants « dans leur grande majorité ». « Il faut cependant garder à l’esprit que les paroles des dites chansons, ou même certains défis, apparaissent comme des insultes auprès d’un certain nombre d’étudiants tant certaines de ces « traditions » sont intimement liées à la sexualité ou au sexisme », précise l’Anepf.  Un étudiant en pharmacie sur cinq (22,8%) penserait ainsi que « le contexte des études de pharmacie et ses traditions sont sexistes ».

L’enquête de l’Anepf vient à la suite du Plan d’action national de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Publié l’an dernier par le ministère de l’Enseignement supérieur, ce dernier marquait la volonté d’une « tolérance zéro » des autorités publiques face à des violences qui, selon l’association des étudiants en pharmacie « ont tendance à être minimisées par les étudiants eux-mêmes, les enseignants ou les établissements ». L’Anepf pointe aussi « le manque de données » qui contribuerait à rendre le phénomène « intouchable ».

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