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« En répartition, le pharmacien est garant du produit »

Clément Goupille, responsable d’exploitation à l’OCP Caen, prendra la direction de l’établissement OCP de Rouen-Le Havre début février. La dernière étape en date d’un parcours « pharma » atypique…

La signature en bas de l’article, ça aurait pu être la sienne. Plus jeune, Clément Goupille se voyait bien journaliste. Aujourd’hui encore, il a gardé un goût pour « la communication, le voyage, la découverte, bouger », égrène-t-il. A la fin du lycée, à l’issue d’un stage à France 3 Normandie -il est originaire de Caen-, il opère toutefois un virage vers les sciences. Un destin tout tracé peut-être pour qui, comme lui, est le fils d’une sage-femme et d’un pharmacien.

Le concours de médecine obtenu du premier coup, direction la faculté de Pharmacie de Caen. « Comme j’avais déjà quelques contacts, j’ai pu faire des stages tous les étés en production stérile dans un laboratoire », se souvient Clément Goupille, vite mis dans le bain de l’industrie, la filière qui lui faisait envie plus que les autres. Il passe aussi une tête, déjà, à l’OCP Saint-Ouen pour son stage de cinquième année. 

Six mois au cours desquels il se frotte à la production : « J’ai pas mal aidé en magasin, que ça soit à préparer les commandes, à remplir les goulottes, mais j’ai également été sollicité pour les formations BPD et gestion du froid », se souvient-il. Une expérience qui lui servira par la suite…

Il termine ses études par un mastère 2 dans une école d’ingénieurs aux Arts et Métiers à Paris. Spécialité : Lean en production et logistique. « Je gardais la répartition en tête mais je me disais que ce mastère conviendrait aux deux voies qui me plaisaient le plus : la
fabrication et la répartition », détaille le « RE » de l’OCP Caen.

Il enchaîne ensuite avec plusieurs postes en production stérile pour des laboratoires, puis effectue quatre ans en tant que pharmacien libérateur chez Sanofi, sur le site du Trait (Haute-Normandie). Un poste à hautes responsabilités, où lui et ses quatre assistants qualité avaient pour mission « de libérer les lots sur le marché au plus vite ». 

Une situation qu’il quitte fin 2021 : un poste de responsable d’exploitation est vacant sur l’établissement OCP de Caen. Il saute sur l’occasion « pour rentrer chez [lui], retrouver la mer ». Il est également le pharmacien délégué du site.

Vous voici responsable d’exploitation à l’OCP Caen en décembre 2021. En quoi cela consiste ?

Clément Goupille : Je dois chapeauter les différents services de l’établissement (livraison, préparation de commandes, approvisionnement), et les spécificités du site de Caen font que j’ai également la charge des tournées de livraison, des plannings des chauffeurs, de la sous-traitance, des groupes froids, de la réception ou encore des stocks.
Vraiment, tout ce qui touche à la vie du site, de la gestion des vaccins Covid à la quantité de gasoil qu’il reste dans la cuve !

J’occupe aussi la fonction de pharmacien délégué, ce qui implique la gestion des produits stupéfiants ou des anabolisants vétérinaires, la surveillance des ventes, la gestion de l’iode… Je réalise aussi différents états des lieux avec l’Autorité nationale de la santé du médicament (ANSM, ANSES).

Vous vous êtes, globalement, assez éloigné de vos études de pharmacie…

C.G. : Pas tant que ça ! C’est justement ce que j’aime avec mon diplôme, c’est qu’il me permet de travailler partout où on utilise des produits sensibles : directeur de maison de
retraite, dans l’armée, en logistique, à l’hôpital, à l’officine, dans l’industrie…

D’ailleurs la moitié des diplômés en pharmacie travaillent en officine, le reste fait autre chose. Et le rôle de pharmacien délégué que j’occupe à Caen me permet de rester proche du client, du médicament, parce qu’on fait appel à moi dès lors qu’il est question de dosage, de RCP, d’utilisation du produit etc. Pour répondre à ces interrogations, il faut
rester en veille sur l’actualité médicamenteuse. 

Dans la répartition, non seulement vous avez des médicaments sous les yeux tous les jours, mais vous répondez aux demandes de vos clients pharmaciens. Vous restez donc proche de l’essence du métier.

Être pharmacien est nécessaire pour comprendre tout le cheminement du médicament jusqu’à l’officine”

Qu’est-ce qui vous plaît dans cette double casquette « RE »/Pharmacien délégué ?

C.G. : Le fait de garder la responsabilité pharmaceutique. J’avais une responsabilité importante en la matière chez Sanofi sur le médicament et je ne voulais pas la perdre.

Quant au côté « RE », c’est plutôt naturel pour moi qui ai le contact facile, qui aime aller vers les gens et travailler dans la bonne humeur. Il faut être ouvert, parce que beaucoup d’idées viennent du terrain, aimer être dérangé souvent, soulever des questions pour optimiser le rendement du site… Les salariés doivent se sentir entendus, percevoir que leurs idées sont susceptibles d’être mises en place. Les projets descendants prennent souvent moins bien que les ascendants.

>>> Lire aussi : “Etre pharmacien est un atout pour la répartition”

La répartition n’est donc pas qu’affaire de logistique… ?

C.G. : Non et c’est d’ailleurs pour cela que l’Ordre des pharmaciens se bat pour qu’il y ait au moins un pharmacien sur chaque établissement. En répartition, le pharmacien est le garant du produit.

On ne distribue pas des bonbons, mieux vaut savoir ce que l’on vend. Être pharmacien est nécessaire pour comprendre tout le cheminement du médicament jusqu’à l’officine. 

C’est capital de connaître le flux : il faut savoir qu’un lot peut être bloqué en industrie et donc non libérable sur le marché car il demande des investigations supplémentaires à la suite de l’apparition de troubles en solution, de microfissures sur une seringue, de joint de piston altéré ou encore de particules en solution. La sécurité du patient doit être préservée, c’est le seul objectif du pharmacien.

Si un jour je vais en officine, comme mon parcours aura couvert de la fabrication à la livraison, je serai peut-être plus à même de comprendre le fonctionnement de mon grossiste justement parce que je saurai comment le système fonctionne !

Le quotidien en répartition n’est pas un peu monotone pour un pharmacien ?

C.G. : Au contraire, vous êtes continuellement en mouvement. Il faut aimer le terrain, les gens… Tous les jours, il y a des retraits de marché à gérer, de nouvelles mises en collection, de nouvelles manières de réceptionner les produits, des nouveaux clients … Pas une journée ne se ressemble ! La répartition est un monde passionnant à découvrir et à comprendre.

En quoi est-ce un atout d’être pharmacien chez un répartiteur ?

C.G. : Je peux me tromper mais il me semble que les pharmaciens, nos clients, aiment parler à des pharmaciens. Peut-être que cela changera avec les générations futures… Vendre du médicament, c’est une activité à part, et ça les rassure sans doute de parler avec des « confrères » comme ils aiment à le dire. Nous avons les mêmes connaissances de base, nous parlons le même langage.

Un pharmacien de l’OCP qui doit argumenter face à un autre pharmacien est peut-être plus l’aise au moment où il lui expose les offres, les services, la disponibilité produits, la manière de gérer nos stocks, l’approvisionnement via Coregia etc.

Dans la répartition, en tant que pharmacien, vous gardez le contrôle du médicament et des produits de santé. Vous avez la main sur la gestion des stupéfiants, par exemple. C’est l’occasion d’être en relation avec des autorités auxquelles on n’a pas accès lorsque l’on est en officine. Vous gérez avec elles des enjeux de santé publique, avec une certaine responsabilité.

“Sans les répartiteurs, les pharmaciens passeraient la journée à leur bureau 
pour se réapprovisionner”

La répartition est pourtant quelque peu « boudée » par les étudiants en pharmacie…

C.G. : Quand je dis à des amis que je suis pharmacien dans la répartition, ça les étonne. Je leur parle de nos camions blancs, ils me répondent « ce sont des pharmaciens qui gèrent
ça ? »

Peu de personnes savent qu’il y a des pharmaciens dans la répartition et il y a un gros travail à faire dans les facultés. On devrait avoir des cours de logistique ou encore des visites de grossistes-répartiteurs (ces visites aujourd’hui ne sont destinées qu’aux étudiants qui s’orientent en officine, or on sait que plus de la moitié des pharmaciens industriels reviennent à l’officine un jour ou l’autre).

A Caen, je n’ai entendu parler des répartiteurs que parce qu’ils fournissent des blouses et aident financièrement à l’organisation d’évènements comme le forum des métiers. Alors que sans la répartition, les services supports, les structures, les préparateurs de commandes, les chauffeurs/livreurs, les pharmaciens passeraient la journée à leur bureau à se réapprovisionner auprès de centaines de laboratoires… Sans le
répartiteur, la santé de ville ne serait vraiment pas la même.

Que diriez-vous à un étudiant en pharmacie ?

C.G. : En répartition, il y a du challenge tous les jours ! S’il aime se déplacer, le contact, le côté commercial et le médicament -la base de notre métier-, qu’il y vienne ! L’aspect
pharmaceutique est une chose, le reste est tout aussi passionnant : on met en place des projets avec des équipes, on optimise les flux pour satisfaire nos clients, pour qu’ils parlent en bien de nous autour d’eux…

Et la répartition est une filière où il y aura toujours besoin de pharmaciens. En sortant du master distribution pharmaceutique de Limoges, vous avez de grandes chances d’y trouver du travail mais ça n’est pas la seule manière pour un pharmacien d’intégrer l’OCP. Tous les chemins peuvent y mener !

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